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3 mai 2007

La fracture spirituelle

                                                                                                                     Mohamed Chbani

On parle souvent de la fracture sociale, de la fracture entre le nord et le sud, entre les nantis et les pauvres. Plus récemment est apparu le concept de fracture numérique pour désigner le fossé qui sépare les pays qui ont accès à la technologie informatique de ceux qui ne peuvent y accéder.
Mais pourquoi ne parle-t-on jamais de la fracture spirituelle ?
En effet, elle existe. Un grand fossé sépare les gens pieux, bons, justes, bienfaisants des pauvres individus qui ne connaissent pas le chemin des joies éternelles. Les premiers, riches de leur spiritualité, passent leurs nuits dans l’invocation de Dieu et leurs journées au service de leur prochain toujours pour plaire à Dieu. Les seconds ne peuvent sortir de la misère spirituelle où ils vivent par inconscience de leur condition de misérables – sur le plan spirituel bien sûr- ou par déni de ce que peut leur apporter la spiritualité.
La fracture spirituelle existe donc bel et bien et ses expressions ne manquent pas tel le stress dans lequel vivent nos sociétés, le mal vivre, l’inconfort permanent ressenti par l’Homme du 21e siècle.
Les héritiers du siècle des lumières diront que la spiritualité, et la religion, ne sont que des moyens pour aliéner l’homme, pour l’empêcher de penser, pour restreindre sa liberté. Les libres penseurs voulaient libérer l’homme de son humanité et, justement, ils sont arrivés à le rendre aussi libre… qu’un animal.
Mais qu’est ce qui fait qu’il y a un regain de spiritualité aussi bien en occident que dans nos pays tiers-mondistes ? Pourquoi les êtres humains ressentent le besoin de revenir à leur humanité, qu’ils ressentent dans leur for intérieur un besoin de rechercher le moyen de parvenir à la quiétude spirituelle ?

Certains de nos concitoyens, à la vue du renouveau de l’islam et des hautes valeurs spirituelles qu’il véhicule se sont trouvés consternés. Comment concilier la religion -qui pour eux ne constituait qu’un ensemble d’interdits et de rituels contraignants- avec la modernité qui par définition permettait tous les loisirs et tous les plaisirs. Les plus égarés d’entre eux en sont venus à chercher ailleurs, à savoir chercher une religion qui permette de vivre comme un occidental, avoir les mêmes plaisirs et les mêmes loisirs.
Ces pauvres bougres en sont venus à épouser la religion du vainqueur, il faut dire que les prêtres évangélistes les y ont un peu aidé.
En effet, en plus des horreurs commises par des jeunes, aussi désespérés que misérables, au nom de l’Islam, notre nation se trouve confrontée à une agression aussi bien culturelle que cultuelle. Des prédicateurs anglicans parcourent notre pays dans tous les sens et multiplient les conversions parmi la crème de notre société, à savoir les hauts cadres. Il faut dire que les autorités makhzéniennes leur ont facilité la tâche. L’état de siège permanent dans lequel vit l’Islam ainsi que la politique de tarissement des sources de notre religion, dictée par des puissances occidentales, ont permis l’éclosion aussi bien de sectes sataniques que l’apparition des ces églises qui n’ont plus aucun fidèle chez elles et qui en cherchent dans le tiers monde.

A qui incombe la responsabilité de ce désastre ?
D’un côté un musulman coupé de ses racines et qui ne peut accéder à la spiritualité infinie contenue dans sa religion
Et d’un autre côté des prédicateurs de tout poil qui, ne pouvant vendre la charité chez eux, l’exportent vers des pays sous-développés.

En tirant la sonnette d’alarme il est à rappeler, à notre élite occidentalisée, que la majorité des pays européens sont très attachés à leur civilisation judéo-chrétienne et à la démocratie chrétienne, donc à leur religion. Pour la France qui donne l’impression d’avoir renié l’église (1), la laïcité ou plutôt le laïcisme est lui-même une religion (2), il a ses « prophètes » qui se nomment Jean Jaurès, Jules ferry ou Aristide Briand, son temple est l’école laïque où il est interdit de porter le voile (signe ostensible) mais où la minijupe est de rigueur.
Il en de même pour les États-Unis qui sont gouvernés par des néo-conservateurs doublés de fondamentalistes chrétiens.
En plus, l’islam n’est pas venu pour restreindre les libertés individuelles, mais bel et bien pour permettre à l’être humain d’adorer son Seigneur et d’accéder au bonheur éternel.
La raison musulmane, pour peu qu’on la laisse respirer, est en phase de faire un travail d’analyse et de renouveau aussi bien sur le plan spirituel que du côté de la compréhension des grands objectifs de la religion. Les hommes et les femmes qui ont la chance d’être musulmans ne doivent pas renier leur religion mais plutôt apprendre les principes de l’islam, la philosophie de l’islam, la spiritualité de l’islam, l’histoire de l’islam et la miséricorde de l’islam. On ne peut être musulman sans être convaincu, croyant, fidèle, on ne peut être musulman par hasard, par accident. Un grand savant musulman avait écrit un livre intitulé : « Que signifie mon appartenance à l’islam ?»(3).
Chacun de nous devrait se poser cette question, ce faisant nous ferions un grand pas vers la reconquête de notre honneur perdu et vers le progrès aussi bien matériel que spirituel, Dieu nous en a fait la promesse :
« Mais Nous voulions accorder nos faveurs à ceux qui étaient persécutés sur terre en en faisant des guides (pour les hommes) et des héritiers (sur terre), et les établir solidement sur terre, et faire voir à Pharaon, à Haman, et à leurs soldats, ce dont ils redoutaient » (4)


(1) Certains hommes politiques « laïques » français n’ont pas hésité à affirmer publiquement que la France était la fille de l’église.
(2) « En très peu de temps, la laïcité et devenue un laïcisme, et il s’agissait d’une ferme croyance dans des valeurs, une morale indépendante, une sorte de communion intellectuelle et même spirituelle. Donc le fait croyance parait inhérent à l’être humain !» Jacques ELLUL, Islam et judéo-christianisme, PUF, Paris, 2004, p.64
(3) Fathi Yakan : « Mada yaani intimaii lil Islam » Edition Arissala, Beyrouth, 1977.
(4) Coran, Sourate Al-Qassas -28- (le récit), versets 5 et 6.

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